Dans le cadre de la Marche mondiale pour le climat, qui aurait dû avoir lieu le 29 novembre 2015 à Paris, mais qui a été interdite, nous devions organiser cette action : un toit, portant une question littéralement inscrite sur toute sa longueur, déployé durant tout le parcours de la marche. Le toit se déplacerait avec la question - Comment organiser notre existence ? - au-dessus des têtes de ceux qui le portent, comme une allégorie, celle de poser sur nous des questions urgentes à traiter. Il s’agissait de s’interroger sur notre devenir dans ce système en présence, sur cette planète, ensemble.
Cette question lancée par Bruno Latour (1), relative à l’enjeu actuel géopolitique de l’anthropocène, résume l’urgence d’assumer notre responsabilité, de nous organiser comme société civile pour pouvoir trouver des réponses, des solutions. Pour cela, c’est le moment d’articuler des questions et d’essayer de politiser le sujet de l’écologie. Une réflexion sur le climat, les catastrophes humanitaires, les migrations, les disparitions de territoire, doit s’accompagner d’une mise en cause du système capitaliste. C’est toute l’organisation économique du monde – avec sa logique de guerre économique entre territoires et entre firmes mondialisées et son culte de la croissance – qui est questionnée par le dérèglement climatique. Le projet néolibéral repose sur l’entière exploitation du monde: de la planète et des populations. Face à l’actuelle crise de représentation politique et sociale, la pratique artistique peut être un outil qui permet de faire apparaître d’autres imaginaires et ainsi favoriser la problématisation de l’enjeu actuel dans le débat public. La couverture de survie porte en elle les idées d’urgence, de protection thermique, de précarité ou d’accident. Montée en toit symbolique, elle reproduit un geste politique à impulser pour renforcer la solidarité / l’hospitalité: offrir un toit, politiser l’affectivité. L’hospitalité est un premier pas à faire pour nous organiser en tant que société civile. |